DIETRICH BUXTEHUDE
Membra Jesu Nostri (Bux WV 75)
Mit Fried und Freud ich fahr dahin (Bux WV 76)
Der Herr ist mit mir (Bux WV 15)
Nimm von uns, Herr (Bux WV 78)
Quand Johann Sebastian Bach a 20 ans, le grand compositeur allemand vivant se nomme Dietrich Buxtehude. Celui-ci vit et travaille à Lübeck où il est l’organiste et l’administrateur de la plus grande église de la ville. Il y perpétue une tradition de concerts uniques en Allemagne à cette époque, les Abendmusiken créés par son illustre prédécesseur Franz Tunder. Est-ce à l’occasion d’un de ces concerts que fut donné le cycle de cantates sacrées Membra Jesu Nostri pour la première fois ? Nous l’ignorons, bien que l’œuvre soit l’une des mieux préservées de Buxtehude puisqu’on en possède à la fois le manuscrit autographe en tablature, et sa transcription, réalisée à l’époque par l’un des meilleurs amis du compositeur. Membra Jesu Nostri, est l’un des plus beaux cycles de musique sacrée de l’histoire de la musique. Écrite pour 5 solistes vocaux, accompagnés par deux violons et un continuo dans six des sept cantates, et par un quintette de viole qui prend la place des violons dans la septième, l’œuvre met en musique des extraits du Rythmica oratio, un poème latin du Moyen-Âge dont le caractère dévotionnel était fort apprécié par l’église luthérienne. Le poème original dépeint les plaies du Christ. Buxtehude en extrait un livret divisé en sept parties pour autant de parties du corps du Christ supplicié, faisant ainsi passer le nombre des plaies de cinq à sept pour des raisons certainement symboliques. Il entoure et embrasse chaque poème avec des citations bibliques en lien avec chaque membre du corps de Jésus décrit dans chaque cantate. La beauté de cette œuvre, dont la concision et la simplicité éblouissent, ne se situe pas tant dans l’affliction causée par les souffrances du Christ que dans un sentiment intense d’amour et de ferveur mystique qui traverse toutes les parties, même quand le texte chanté évoque avec un froid réalisme la crucifixion. Le programme est complété par d’autres pièces splendides du même compositeur, permettant notamment de mettre à profit la présence des cinq violes de gambe nécessaires dans la seule sixième cantate de Membra Jesu Nostri .